Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 02:23
Elemental effect from Wassilli Kandisky-1924

Elemental effect from Wassilli Kandisky-1924

 

Je pense, j’affirme, je déclare, que la véritable poésie c’est l’avenir incarné : une idée neuve de la vie  contenue dans un langage issu d’une sensibilité en rapport avec une existence dont les cheminements libres se  déploient aux rythmes d’une expressivité qui finit par   l’émergence, à peine saisissable, d’un être fugace.

Si j’écris, irrégulièrement, des sciences de la nature ou des sciences humaines ou de quelque métier que ce soit de la survie, cela ne saurait que refléter la situation réelle du vivre. L’ouvrier ou le salarié modeste, le laissé-pour-compte ou le damné de la terre peinent à acquérir  de quoi  manger, de quoi boire,  un lieu salubre où dormir, une place paisible, dans leur  pays,  où évoluer où s’épanouir.

Et, on survit comme on peut.  On espère. On donne de la voix, séduit par un chant qui nous transporte, on dépasse, alors, la ronde routinière  du quotidien; on danse de joie, oubliant les moments pesants chargés de contraintes ou les nuits blanches d’insomniaque  pour cause de stress.

 Les hommes suffisants, par intérêts égoïstes ou sectaires, emmurés dans de confortables chimères bien pensantes, ne sauraient de leur piédestal artificiel, préfabriqué, atteindre l’exigence de l’avenir, la voie authentique de la liberté, celle d’une citoyenneté  épanouie pour tous, où chacun  met à contribution son engagement productif, dans les limites de sa disponibilité, à  préparer les temps à venir pour les générations futures.

 Le travailleur intègre est tel ce poète qui engage sa parole soucieux de son environnement : meurtri,  blessé dans son humanité, un mont de difficultés  à surmonter,  malheurs, doutes et  désarroi profond le tourmentent : saura-il forger sa détermination de résister à l’injustice,  à la guerre, à la misère, à la désolation, à cette houle déferlante, à cet ouragan implacable, à ce feu ravageur, à ces constructions qui tombent en  ruines ?...

L’humain  se réalise, en nous, dans notre  travail  dans la réalisation de projets  qui nous parlent  des exigences des temps à venir. 

L’élan poétique, intégré à toute entreprise, contient les signes potentiels d’un développement expressif   accompli, créant des produits finis, utiles et vitaux aux hommes, des  merveilles, des œuvres d’art  de toute beauté.

Ma vie, dirais-je , semble aller à contre-courant d’un domaine d’activité spécifique, réservé,  pris par mon  élan  passionné irrésistible d’expérimenter un sens critique qui  remet en question tout confort limité à un domaine exclusif; en effet, comme l'ambiance d'un atelier ou d'un laboratoire, aussi isolée soit-elle, entretient des rapports vitaux  avec le  monde extérieur; aussi, j'estime que le  contact direct avec la réalité du terrain est  une  condition nécessaire à l’accomplissement de tout acte verbal significatif. Et, je crois avec force: c’est l’engagement dans la réalité concrète  qui m’amène à saisir  les traits   expressifs d’une création  aux lignes épurées évoquant celles des roches cristallines, ou, à gagner  les rythmes  d’une  musicalité enchanteresse des chutes d’eaux d’un âge lointain  jusqu’ aux  gisements vierges de pierres  précieuses, diamants,  joillaux étincelants à la forme parfaite, surgis de la longue action patiente du temps sur la matière carbonifère tansformée en source de richesses,  à extraire, non sans effort.

Tout travail rigoureux porte dans son essence une  dimension poétique : le fruit de demain naitra de la fleur bourgeonnante d’aujourd’hui, de celle  de notre temps, de ses luttes, de ses espoirs, de ses acquis bienfaisants pour l’humanité, du développement du travail, de l’évolution des sciences pour la conquête  des nouvelles vérités outillant les voies d’un devenir radieux pour les hommes.

La condition de vie réelle quotidienne actuelle divise les hommes de métiers, sépare l’ouvrier de l’homme de lettres, l’éboueur de l’ingénieur  …

 Le décalage tragique dans notre existence  se situe là : il relève d’un certain état de fait accompli où la parole est séparée de  l’acte qu’elle aurait dû engendrer dans un enchainement logique,cohérent.                                                            

 

 

 

La source  poétique provient, également, de  la  marque d'une  situation vécue ou perçue correspondant à l'état  des  rapports humains ou à celui des relations  de travail  lié à des compétences déterminées reflétant  les  degrés d'exigence des aspirations inhérentes à la société humaine d'une part et  les conditions  de  préservation de la nature d'autre part.                         

La parole poétique est identifiée à cet ébranlement surprenant qui engendre un nouveau rapport entre le verbe et la chose, à travers la marque d’une sensibilité créative, qui porte les résonnances des temps à venir, sous-tendue par une liberté assumée, sur les traces d’un cheminement authentique rayonnant de l’activité de tout homme et de toute femme libres : en témoigne leur engagement, dans le feu de l’action, de vivre et d’aimer…Elle guidera les hommes et les femmes de demain, réellement  dans leurs activités personnelles démultipliées et solidaires. Ils s’engouffreront dans la nuit-forêt vierge de l’inconnu et y mettront la lumière, en correspondance avec la ligne écrite de chaque destinée, dans l’accomplissement d’un plain chant assurant  l’avenir sur la planète terre comme une espérance vivante, indéfectible, de l’être humain.

 

 

 

 

Fouad Boukhalfa

 

NB : Commentaires au sujet du texte-déclaration-commentaire 

On aura observé que je discerne  dans  l’ensemble de l’écriture  littéraire deux classes :

 1/ Ecriture créative 

  2/ Ecriture intermédiaire ou commentaires

Aussi je n’ai pas encore tranché sur la classification de différents types d'écritures intermédiares : j’aborderai cette question au moment opportun.

Je rappelle, néanmoins, que  le texte de création littéraire, dont j’ai établi les fondements (cf: "Un langage charnel de l'être"),  est défini comme une écriture ouverte à la composition entre différents genres, poésie et prose, notamment. 

 

*Retour au texte-déclaration-commentaire « Vision poétique passionnée » :

Je vous présente  un texte, écrit il y a quarante ans,  auquel j’ai apporté, toutefois,  des changements et des corrections tout en ayant préservé, grosso modo, le corpus  et  le ton de la mouture originelle.

Deux modifications apportées au texte sont à souligner : 

A/Première  modification : la primordialité  a été accordée à l’avenir (de l’humanité) plutôt qu’à la liberté, bien que celle-ci soit nécessaire; il n’en demeure pas moins que chacun définit la liberté à sa  manière et y va de son opinion selon ses intérêts, et agit, confusément, en son nom, et, souvent, en affichant une incohérence criarde. On ne saurait brandir la liberté comme credo sans se placer dans une perspective globale de l’avenir  du genre humain dans toutes ses diversités, sans la moindre exclusion.

 « L’avenir »,qui s’est inscrit implicitement  dans mon  texte originel, est mis  en exergue, cette fois-ci, il est défini comme « une idée neuve ». Aussi, par coïncidence, mon énonciation, sur un plan formel, se rapproche de la formule de Saint Just « le bonheur  est une idée neuve en Europe » prononcée lors d’un discours   en 1794 durant les premières années de la Révolution Française de1789, où il a été précisé, pourtant, qu’il s’agit d’un «bonheur commun  à tous les hommes ».

Qu’en est-il, aujourd’hui, de ce  "bonheur commun" lié au devenir de l'humanité ? 

 

B/Deuxième modification : elle a été établie, d’une manière plus ou moins tranchée  (A noter toutefois  que reprendre mes  brouillons anciens ou inédits me  plonge, souvent dans un travail d’adaptation et de reconstitution  des écrits, apparenté à une « génétique  textuelle», assez prenant) où au départ il est  souligné que le travail artistique et littéraire est lié au devenir de l’entreprise économique et aux organisations  politiques,  avec un  avantage accordé  à celles-ci , créant ainsi une polémique  stérile  en favorisant tel travail ,considéré comme prioritaire et efficace créateurs de richesses  concrètes, par rapport à  tel autre, lié à l’activité artistique, littéraire ou philosophique, vu comme abstrait ou de l’ordre de l’imaginaire, considéré comme secondaire.. 

J’ai  corrigé le tir, en reprenant un passage,  afin d’écarter cette vision étriquée et réductrice de la  séparation grossière entre l’activité de l’esprit et le travail sur la matière concrète,  ce décalage préconçu introduit  entre condition d’être et vie commune en génétal. Car, en fait, les deux entités  : l’art ( celui des neufs muses)  et l’ économie (celle de l’industrie de la transformation de la matière), ne sont pas, seulement, intimement liées, ou dépendantes l’une de l’autre dans leur existence ; en fait, c’est  plus que cela : il y a, entre les deux parties, un rapport d’équilibre vital ; en effet,  c’est la place accordée à  l’éducation et à la qualité de la formation, à la pensée, à  culture et à l’art, qui détermine  l’efficience  et la cohérence d’une entreprise ou celle d’un domaine d’activité  quels qu’ils  soient. Par ailleurs,  pour un artiste, un penseur, ou un homme de lettres, il ne suffit pas, d’assimiler, seulement,  le patrimoine culturel et artistique,  il faudra encore s’ouvrir aux réalités socio-économiques et se rapprocher des conditions de vie et de l’exercice des différents métiers  de son temps afin d’assurer de nouvelles avancées dans le sens  d’un progrès réel, au diapason d’une harmonie d’ensemble, aux  rythmes essentiels  d’un développement  riche et sain pour  tous.

 

Je ne dirais pas plus sur cette  « vision poétique passionnée » et les lectures, notamment,  qu’on aurait pu faire à son sujet et les prolongements, dont je n’avais pas conscience, au départ (J’y reviendrai, à  un certain passage  de mon essai, en préparation, « le temps phénoménologique: sur les traces d’un  cheminement pensé »...)

 

Partager cet article
Repost0
13 juin 2018 3 13 /06 /juin /2018 01:18

    

 

 

      Et Cendres devient la haine

                                                      en cette saison où on brûle                                                                                                                       d’aimer         justement                                                                 

      Comme un feu doux aimant réchauffe  des  mains traversées par les frissons de la froidure du sang fuyant d’un  cœur battant                                   

                                                                        tellement

      Au moment où  la brise d’un  souffle si fort  insista   

    Qu’un pistil tressaillit Et des anthères tourmentées  balancèrent à l’emporte-pièce les grains de pollen libérés égrenés  épars  dans l’air tourbillonnant

      Au rythme des  élans fougueux des rituels nuptiaux qui marquèrent de leur  pas  les chemins des ruisseaux dentelés de menthe où des fleurs s’ouvrirent  aux rutilements  d’abeilles  quand  les chants des oiseaux dans les arbres devinrent soudainement  audibles à l’aurore  comme sortis d’un gel d’une pétrification  dans laquelle ils étaient restés prisonniers

      Et surgit du fond des ténèbres la voix longtemps tue 

                                                                                                 enfin     libérée

 

 

      Un appel suave à la joie des rencontres  se déployait illustré  par des lignes d’encre  de traits de dessins de tatouages aux motifs  variés aux  masques animaliers qui papillonnaient au soleil  ici et là

      Ou encore confondues aux roseaux les libellules longilignes  aux ailes transparentes membraneuses vibratiles survolaient  non loin de l’ombrage apaisant des saules des eucalyptus les rives ensoleillées d’un oued aux miroitements étincelants qui  a pris   sa source des hauteurs  où s’aiguisaient à plaisir notre ouïe au ruissellement musical à travers les roches et les pierres  polies d’un cours d’eau enchanteur    

 

                                                                                                                                 

      C’est le moment de faire le tour habituel  D’aller jusqu’au  fond du jardin  Histoire de vérifier la maturation des fruits suspendus aux branches des arbres D’emprunter le sentier familier d’un monticule Et de prendre une pause sous un olivier l’esprit léger D’évaluer les promesses du lent travail patient de la nature de la terre avant de traverser le sous-bois des pins  au rythme d’un  refrain d’une chanson  fredonnée spontanément 

 

       Lorsque parvenu  à l’orée de la  forêt  tu observes transporté par tant d’attraits surprenants les voltiges Du  ressort contenu en chaque oiseau  dans les airs jusqu’aux nues  couvertes de nuages qui courent pressés sous le souffle  du vent pour laisser vite  place  au  bleu azur  d’un ciel qui  invite à l’étonnement agréable  par un sourire émerveillé qui se dessine  aussi rayonnant  sur ton visage  que dans le noir d’une nuit à peine éclairée subjugué par la splendeur de la coupole d’étoiles  scintillantes

 

      O combien il est captivant de débusquer les déguisements  assortis aux milieux bariolés d’ondes chromatiques  variées  à  jouer  à  cache – cache  avec les prédateurs éventuels tel ce ver confondu à la feuille verte lui servant  de garde-manger 

 

      Quand surpris par une averse orageuse passagère  on inhale avec plénitude les senteurs décuplées d'un sol fleuri verdoyant 

     Ou par la caresse rêche  fraiche du vent  au sortir d'un gîte  lors d'une promenade on respire de plein gré enivré  à plein poumon l'air

                                                                             En fait le sang monte circule avide d’oxygène comme jamais  il ne le  fut  Propulsé sous la pression des appels aux multiples splendeurs  et  des sérénades aux tonalités diverses  entrainant des  accouplements floraux et animaux par  myriades

                                                                                                            

L’air est à la fête

                              à la danse

                      

                           l’air    est   à  l’amour

(…)

*Extrait d'un texte qui fait partie de la composition achevée de "Chose d'être", proposée à l'édition.

 

 

Fouad Boukhalfa

 

 

 

 

    

Partager cet article
Repost0
7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 12:34

 

 

                   

                     

     Tu donnes un sens palpable  à tout ce qui  rappelle                                                                                                                                                                      la vie                                                                        Liée à un pays                                                                                                                                                                   par-delà la braise profonde discrète d’attiser l’ardeur d’une espérance                                                qui fonde  Mon engagement dans la foi en l’amour                                                                               pour toujours                                                                                                                                                                        Et je dis

 

      Ne ressens-tu pas                                                                                                                                                                    dans ta propre chair brûler dans leur combat  pour la survie des familles  brisées par une nature contre-nature tortionnaire                                                                                                                                                                        Et je dis

 

     Le fait de travailler dans l’obscurité d’une mine par exemple amène-t-il  nécessairement une confiante tendance rebelle contre  ce  système engrangeur de profit qui enrichit  une minorité  au prix  d'un labeur  inestimable accompli par des hommes et des femmes   intègres                                                                                                                                         Et je dis                                                                                                                                                    

 

     Comme je suis ravi d’apprendre  de toi ce que j’ignore encore de notre Histoire                                    A pressentir tout ce qui vient affermir de vérités notre condition humaine                                                                                                                                                                         Et je dis

 

   C’est une personne trahie dont on a attaché les poignets  par des bracelets-menottes qui s’affirme dans l’enracinement d’un mouvement intérieur  d’apprendre  à connaitre au rythme de son cœur  sur les bouts  des doigts les outils de la liberté 

     D'apprivoiser  artisane des mains  au  savoir-faire  de la  métamorphose                                               A  découvrir la douceur de la courbe d’une amphore  vulnérable  maintenue  à la volupté caressante  des  lèvres  au boire                                                                                                                                                                       et                                                                                                                                                             A une cheville près concevoir                                                                                                                                   un   khalkhal musical                                                                                                                                          d’art     ou de poésie       Peindre un masque de toute beauté accueillant ou  Souligner un clin d’œil du mirwed trempé dans le  noir d’un khôl à la profondeur tragique qui nous ronge au point de tresser comme une longue chevelure bien nouée l’espérance au  désespoir                                                                                                                                                                    Et je dis                                  

 

      C’est comme des pas de danse                                                                                                                                                                       un mouvement de colère                                                                                                                                                                    une expression vitale d’un désir                                                                                                           qui se déploie                                                                                                                                         et se révèle Soleil de clarté                                                                                                                              ou tout comme                                                                                                                             des couplets qui se forment aux frémissements  ondoyants des pétales  de jasmin qui  suggèrent  un chemin                                                                           A continuer l’univers                    Du couple       défini dans  son émancipation citoyenne                                                                                                                                                                                       Et je dis         

       O merveilleux fruits couleur vermeille de la saveur du mûrissement des Cerises aux senteurs d'un Eden

 

                  A  baptiser  J u s t i c e   cette existence où gravitent les pôles de Mon  sang                                                   du nom de                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 F e m m e

 

      D’entendre  la progressive révolution du cours véritable de la vie réelle gagner notre aspiration d' être

                                                   

 

 

Fouad Boiukhalfa

 

  

  *A toutes  les collègues de travail, les camarades, les compagnes de route du mouvement universitaire de  volontariat  pour la réforme agraire, notamment, celles  que j’ai connues dans l'action  solidaire avec les démunis et la lutte pour les droits de l'homme, et  à toutes celles avec qui  j’ai partagé des  activités socioculturelles ou éducatives,  échanger  des points de vue lors de débats dans la cité, en rapport avec la réalité concrète  ou sur le network, disparues ou, encore,  en vie, je dédie ce texte comme une parole donnée gardée, à jamais, intacte ,au nom de celles  qui ont donné leur vie dans leur engagement  pour  les  valeurs humaines universelles, opposées à l'ordre colonial; et, au nom de ces femmes, encore, qui    après l'indépendance  politique  nationale, parmi d'autres,  feront face à l'arbitraire et au machisme de quelques  pouvoirs autochtones, et  continueront, parmi leurs frères de combat, jusqu'à' ce jour, à lutter contre l'injustice, et pour l'égalité des chances pour toutes et pour tous, en tout lieu, ici et ailleurs, dans le monde, pour le droit à la vie, à la terre,  pour une citoyenneté libre épanouie, dans le respect du droit . 

 

 

 

 

 

 

 

 

Etre dit de la femme
Etre dit de la femme
Etre dit de la femme
Partager cet article
Repost0
14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 21:02
Manifeste du « Wichêm » : une ligne expressive de la créativité

 

 

L'activité créative dans le domaine des arts et de l’écriture littéraire, se fonde dans la mise en oeuvre  d’une ligne expressive, dénommée « Wichêm *» née de la trace d’un trait particulier de développement, dont le déploiement, en fonction du rythme propre à chaque auteur ou créateur, reflète la vitalité d’une relation intime entre la sensibilité charnelle d’une individualité et la marque de l’émergence d’un être. La ligne de créativité, en notre temps, intègre un rapport d’échange, rendu nécessaire du fait de l’évolution des sciences humaines et l’éclatement des différentes catégories de la connaissance, entre les différentes formes de langage qui nous amène, par-delà tout cloisonnement préconçue ou arbitraire, à la réalisation d’une composition entre différents genres d’expression, ( poésie et prose, musique et peinture …) au final d’un cheminement, suivant une pratique spécifique à un domaine, à donner matière à lire, à interpréter, à voir, à entendre, à sentir, à apprécier, à réfléchir, à méditer, à penser une existence  en accord avec une perception de dimension multiple, avec une vue sous différents angles, d’une situation, d’une réalité, jusqu’à pouvoir exprimer une réalité psychosociale ou autre, d’une manière consciente ou non, et traduire les pulsions qui animent principalement un individu. Le champ d’application de la ligne expressive, par laquelle se développe un processus créatif, va de l’étendue de la nature physique de l’univers, définie par un champ gravitationnel, notamment, jusqu’au rythme d’un mouvement verbal, musical, chorégraphique, pictural…

Le mouvement de création des arts, des lettres et de la pensée, qui se dénomme « Wichêm » s’inscrit dans une démarche pragmatique au rayonnement multidimensionnel dont la signification essentielle, ou absolue, définit une conceptualisation d’une sensibilité créative de divers tendances amenant à l’émergence d’un champ où évolue la mise en œuvre d’une cohérence spécifique, d’un style personnel, dont l’élaboration serait saisissable, sur un plan esthétique, à un certain degré, d’un entendement, d’une sublimation, d’une représentation d'ordre idéel ou de caractère symbolique, apte à même, à travers la réalité d’une perception sans cesse changeante ou renouvelée, de donner une visibilité aux attraits d’un être, d’une existence.

Le « Wichêm » définit le travail de tout auteur qui puiserait les prémisses de son œuvre dans la sensibilité de sa chair, de son corps. Il est aussi, un moyen d'approche de la compréhension des processus de créativité en rapport avec les sciences cognitives, les études du signe et des langages. Il amène à une réflexions autour de stratégies nouvelles d’adaptation des techniques de travail  en correspondance avec la nouvelle révolution technologique par l'exploitation optimale de l’outil informatique et des instruments de communication ( téléphonie et réseaux du Net…) et  par l’ouverture de nouvelles lignes éditoriales dans la perspective de refondation des lettres et des arts, entrainant, ainsi, au rythme d’une évolution authentique, à  familiariser et à  rallier les générations, à l’émergence de nouvelles formes de création.

 

Fouad Boukhalfa

 

*Note étymologique : La ligne expressive  porte le nom de « Wichêm », en rapport avec une étymologie propre au lieu de naissance de ce concept en Algérie (inscrit dans sa dimension berbère, africaine, méditerranéenne, arabe, et autres…), renvoie à une polysémie sémantique ; en effet, le « Wichêm » renvoie d’une manière allusive aux traces qui imprègnent la formation de la personnalité chez un individu  tout le long de l’histoire de sa vie ( part d’épanouissement, d’aliénation ou de refoulements, ..) . Il fait penser à l'altérité. Et, il rappelle les blessures ( "Wechma"signifie dans le langage populaire maghrébin: stigmate, cicatrice ) qui auraient marquées l’intégrité physique et/ou psychique entrainant une détérioration des capacités vitales mettant en cause les droits humains fondamentaux à la vie, à la justice et à la liberté. Aussi, d’autre part, le « Wichem » qui signifie, également, « tatouage » est considéré comme un phénomène anthropologique universel de dimension sacrée ou esthétique de la représentation (tel le masque…) d’une marque d’attachement, ou encore un moyen de dépassement paradoxal individuel ou autonome, en rapport avec le développement des moyens d’expression culturels employés au cours de l’histoire de l’humanité jusqu’à nos jours. Enfin, par rapport au contexte algérien dont elle est issue, l’appellation « Wichêm » pourrait, formellement se justifier dans le champ culturel: elle évoque l’histoire du mouvement « Aouchêm », fondé par des artistes-peintres en 1967 ( inspiré des gravures rupestres, datant de la préhistoire, du Sahara) d’une part, et, elle suggère, d'autre part, un poème de Ibn M’ Saib (poète du 17 ème siècle) « El Wachèm » [« Le Tatoueur »].

Remarque:Ce manifeste pourrait constituer une base de formation, éventuelle, de cadres d’échange et de communication et de mise en valeur de projets de création et de recherches dans le domaine des arts et des lettres.

 

 

Partager cet article
Repost0
11 décembre 2017 1 11 /12 /décembre /2017 05:40
            Une Approche de l’imaginaire d’Emily des « Hauts de Hurlevent »

 

Les Hauts de Hurlevent »: entre amour romantique et passion  
Commençons, si vous voulez bien, par la remarqueamusante de Maryse: le «correcteur automatique» serait, donc,« romantique » pour avoir omis de remplacer« love » par «lu ».
Bien évidemment, on lira, dans « Les hauts de Hurlevent », une histoire d’amour qu'on pourrait qualifier de «romantique» entre Heathcliff et Catherine Earnshaw, sans prolongement significatif si ce n'était la passion. Dans le même temps on assiste à la formation d’un couple dont un des partenaires fera croire à une relation amoureuse. La personne manipulatrice, Heathcliff, se marie à Isabella Linton, uniquement, dans le but de corriger l’adversaire et de se venger. L’alliance maritale se constitue sur un fond de règlement de compte. L’instrumentalisation des sentiments, dits nobles, permet d'atteindre de buts mesquins non avoués: prendre possession du château et dominer.
Les destinées ainsi se croisent  dans un tissage  de tableaux faits sur la base d’observations effectuées sur le terrain des réalités à travers un  jeu d’intrigue dramatique.  Un  amour romantique  livré au tumulte de la passion où chacun des amoureux  semble jouer contre ce qu’il aime voir se réaliser, en prenant des chemins détournés; jusqu’à la fin,  au moment des rencontres calmes, au crépuscule d’une vie, à la veille de la mort de l'un d'eux: Catherine Earnshaw, où ils vont  s’avouer mutuellement leur attachement indéniable l’un pour l’autre. 


De la ligne de conduite romantique 
Faut-il m’en tenir là ou « corriger » davantage la ligne romantique ? 
Très jeune il m’est arrivé d’être fasciné par le mouvement de mains aux attraits séduisants ou plaisants d’une jeune fille… L’image gravée, ainsi d'une certaine façon, dans ma mémoire se rapproche de la période où j’avais lu « Les Hauts de Hurlevent ». Cela date de trois décennies au moins.
Dans un flash-back, à travers une vague réminiscence, la trace du texte me revient, non pas comme un agent exogène à mon intégrité mais plutôt comme la part d’un échange plaisant dont je garde une impression au sens à la fois fuyant et profond.


Revenons au terme de cette allusion romantique qui constituerait la toile de fond de l’ouvrage: que signifie-t-elle ?

En fait, le romantisme signifie, pour moi, une redécouverte de l’existence où on « établit » les fondements de notre être sur la  base d'affinités avec la nature, et une meilleure connaissance de celle-ci, sans, pour autant, nier l’histoire humaine, ou mieux encore, sans évacuer l'étude rigoureuse de la moindre contradiction émanant des rapports sociaux ...
Suivez mon regard: Jean Jacques Rousseau en train de glisser sur une pente lors d’une sortie pédestre méditative. 
En effet, le retour à la nature, comme un accompagnement incontournable à la méditation ou à la spiritualité ou à toute autre activité mentale, ne s’effectue pas sans risque, sans angoisse.

L’imaginaire à partir du vécu
La femme de lettres, Emily, a révélé entre les lignes, un être sensible dans lequel, déjà jeune, je m’y serais reconnu d’une manière plus ou moins consciente.
Emily est confrontée régulièrement à une certaine angoisse vécue, en relation avec son environnement naturel dans lequel elle tente de trouver des issues de secours.
Exemple d'une scène : Emily se réveille d’un sommeil agité ; elle se lève et prend un verre d’eau. Elle ne tient plus sur place. Elle n’arrive pas à se calmer. Elle sort dehors. Il fait encore nuit. Le vent hurle et l’assaille de toute part ; dans la pénombre sous un ciel nuageux ; à ce moment-là elle va s’imaginer, à travers le balancement des branches, et le bruissement des feuilles, qu’un fantôme essaie de l’approcher.
Ou encore, une autre scène : Emily est attirée, à travers un jeu d’ombre de nuage sombre  et de lumière de clair de lune, par quelque chose: elle croit voir, au pied d’un rocher, près d’un buisson, un enfant étendu sur le sol comme endormi. Elle s’approche doucement. Elle s’aperçoit qu’il n’en est rien.
Ces visions la troublent. Elle va donner, plus tard, par écrit, à telle apparition : le  visage d’un enfant bohémien; ou, à telle autre : une représentation fantastique d'un retour d’un fantôme...
L’imaginaire n’est pas une construction mentale artificielle détachée de la réalité vécue, aussi, comme le rêve du dormeur, il porte en lui les ingrédients distillés au hasard du mouvement de la réalité, de l'univers, dans le cadre d'un rapport humain  conscient ou inconscient avec une nature vivante, que va reflèter, expressivement, notre être, de notre sensibilité, de nos angoisses, ou de notre engagement implicite dans quelque voie déterminée, vers quelque issue salutaire.

   

 

Digression : mort de l’auteur ou pas ?
Maintenant, prenons le détour d’une digression sur les chemins de lectures des Hauts des Hurlevent et posons la question: y a-t-il vraiment « mort de l’auteur » ou pas ? 
On vient bien, par ces exemples :  est finalement mort, en rapport avec l’approche moderne (sous-jacente à l’évolution des catégories des sciences humaines : linguistique, sémiotique... ) non  pas celui qui donne vie à une œuvre mais, plutôt, celui-là qui adopte la méthode  redondante  d’un psychologisme désuet, versant parfois dans le sensationnel, par lequel  on prétend pouvoir expliquer un texte littéraire, par un jeu de cause à effet artificiel, qu’on aurait relié à une histoire, supposée connue, d’un homme ou d'une femme de lettres, séparée de la fonction créative verbale, de son élocution , celle-là même qui 
aurait « contenu », en fait, la part réelle d’une vie, intimement, articulée à « la physionomie d'une expression »,  à « sa grammaire ».

Une relative distanciation méditative 
Revenons à la scène relatée précédemment: Sortie dehors avant l’aurore par un froid glacial, la morsure d'un vent qui soufflait en bourrasque avait fait trembler Emily. Celle-ci ressentait profondément la cruauté de la nature et le dur pari de lui faire face pour survivre et subsister. Elle ne pouvait taire ses craintes et ses peurs, non sans avoir réfléchi à ses lectures philosophiques ou scientifiques, sur l’Homme, son devenir.

Autant l’idéalité romantique, en filigrane dans le texte de la fille des Brontë de Haworth, Emily, permet à celle-ci de marquer la distance vis-à-vis de la nature d’une société rongée par des luttes d’intérêts, autant le contact vif charnel avec les conditions de vie assumé par l’auteure amène celle-ci à ne pas hésiter de se laisser aller à peindre dans le détail, à l’aise, souvent crument, les personnages en rapport avec leur milieu social, naturel.


Enfin, aussi lointaine dans le temps, que fut ma découverte de « Les Hauts de Hurlevent », je me souviens, avoir pris une pause, juste avant de terminer la lecture de l’ouvrage ; comme si j’avais été gagné par un sentiment d’apaisement qui m’aurait invité à la méditation. 
« A love of reading”: Emily’s Wuthering Heights: is n’t it”?
Il ne s’agissait pas, seulement, de remplacer mais plutôt de compléter« love» par « lu »... Mais, voilà, un robot ne saurait jamais le faire : il ne saurait jamais relier "la trace écrite d'un amour à une lecture littéraire »!

 



Fouad Boukhalfa.

 

Note1  :"Il s'agit d'un commentaire posté, sur linkedIn  où  il a été dit: " Ma  préférence, en la matière, va aussi à Wuthering Heights , que j'ai "love u"  l'année dernière en anglais et que j'ai trouvé  magnifique". Puis elle reprend pour corriger: "Que j'ai lu": pardon, mon correcteur automatique est romantique".

Partager cet article
Repost0
16 novembre 2017 4 16 /11 /novembre /2017 13:49

      Dis-moi Kateb           pourquoi

      Me semble-t-il que tu fus alors telle une ombre

      Au moment même où nous étions baignés de lumière

 

      Est-ce pour l’histoire d’avoir été si sombre

      De ce pouvoir qu’on a d’inculquer cette démence de vouloir traquer l’homme amoureux ou sa belle compagne

      Arriver ainsi à meurtrir ce rayonnement miraculeux d’être

 

      Aussi     oh ma mère

                 ne sait-on qu’en faire

 

      Alors on tue              l’humain

                            à la parole

                                 à la terre

                          à l’air

 

      Aussi ton acte d’écrire              est    libérateur

                                             dira-t-on

      Il est bien évident qu’il ne sert à rien

                                   de discourir

       L’éclat saisissant d'une création  est  si imprévisible                                              qu’il serait difficile de suggérer une genèse essentielle  d’une écriture              

                                                                                                  naissante de la conscience qu’on a d’un cratère prêt à s’éveiller à tout instant

                                                              coulant de source              sève    nectar     rutilement d’abeilles                    vol de libellules               rivière miroitante                   

                                    au soleil

                                Printanière          dis-tu     fête de la nature totale

      Si belle à en perdre la parole                         poète

   

                                                        A réaliser toutefois son cheminement révolutionnaire en scribe de la trace  d’une prise de conscience  à marquer d’une inscription noire sur pierre blanche  8 mai 1945 la date de Sa propre renaissance au contact de l’histoire tragique des hommes

 

        Alors qu’un  holocauste d’ordre nazi est battu  un autre  d’ordre colonial s’est réveillé pour fusiller  des innocents démunis  traqués à la  trace de leurs pas blessés dans les rues ou sur les chemins de campagnes de  Kherata Sétif  Guelma et d’ailleurs

 

        Sortis désarmés demander au nom d’une Algérie indépendante leur  droit à la terre  à la liberté avec comme   crédo

                                 E x i s t e r

                                                    par le verbe et en acte  incarner l’histoire  en un mouvement qui porte le témoignage de cadavres encerclés2  aux corps frêles abattus vidés de leur  sang à jamais

 

 

Kateb Yacine tu t’exprimes                       de T’écrire

                                                               de Te dire

                                                          peuple du bonheur d’une aube retrouvée

                                                                 éparpillée

                                                                                     sur la terre           tels

grains répandus

 

      A certifier par certaines calligraphies de jeter les ponts

                                                 Au reflet d’un pays  rêvé lointain                         Polygone étoilé3 par l'expression vulnérable des sentiments  dévoilés           

                                                                                d’un docker4 qui survit au pain quotidien                        Et malgré l’amertume des larmes tues

                                                                       prendre un bon coup d’en rire  

 

 

       De partager   avec   M’hamed Issiakhem  à travers une pluie de traits peints  l’éclat plein de  l’expression de la douleur  humaine  et sa métamorphose  en un  tableau saisissant

      Au rythme d’une chanson  du patrimoine de la chanson  populaire  El h’mam5 que Hadj  M’Hamed El Anka7 interpréta en une soirée entre amis     

 

     Ainsi va l’intense reflet intime projeté

                                                                    Traditionnellement

      De se croire partout chez soi au parler franc ouvrier parcourant villages et  quartiers                 Moïse et Mohamed compagnons de route d’une existence inscrite  tout au long du cours de la destinée  humaine au partage                                                                                                                                   à ne plus  en sortir  du ravissement d’un bon voisinage                                            Tragédie ou  comédie seule la vie sacrée compte comme loi comme fondement                                              

Et monter  avec  les travailleurs et les  démunis  un  théâtre solidaire                                                                                                                                      profondément   nourri d’une histoire continue comme sève ininterrompue d’un  olivier ancestral  enraciné dans  Sa Palestine6  pris traitreusement entre deux feux intégristes puissants  l’un brulant et ravageur  celui de l’occupant  sioniste et l’autre froid et sournois  celui des pouvoirs félons musulmans et arabes

 

      Aussi la langue du colonisateur il faut savoir l’utiliser  comme butin de guerre7 

     Et on ne mâchera pas nos mots pour tourner en ridicule  le dévot parvenu charlatan  de tout  bord qui parle au nom d’un islam que pour engranger les dividendes  politiques d’un pouvoir  sur les populations entretenues par des discours obscurantistes où il tire une fatwa sur mesure de son  amulette dès qu’il  succombe  à des influences  troublantes sur ses propres sens ou sur son état d'esprit

      Il interdit  la poudre d’intelligence8 qu'il   convoite  crédule  pourtant  mais ne sachant pas l’exploiter  hé ma foi la voilà  qui s’évapore pour déshériter et diminuer encore un pays de ses forces  vives inventives

      Nuage de fumée  n’est-ce pas le comble de la régression cet inhitât9 perpétué à grand risque de  laisser la destinée  d’une génération  aller  à  vau-l’eau  à la dérive sans la  lumière  de La pensée qui de par Son état civil de naissance a été en tout lieu en tout temps

                                                                                                          l i b r e                

 

                           Dans un sac à dos ou à bicyclette transporter les armes  dans un  bruissement furtif  couvert d'un écho sourd à travers l’air vibrant de la jungle du Tonkin

                             et de marcher           de marcher

                        guerriers  du Viêt Minh  combattants  en  sandales de caoutchouc10 engagés  dans un fourmillement  d’efforts inlassables  à  cerner Dièn Bien Phu et à battre  l’occupant acculé dans son propre piège

 

                                         Et de vagues  en vagues du flux envahisseur au reflux  résistant de l’histoire de l’Afrique du Nord  représenter à plaisir à travers l’élan fougueux de la passion du jeu de la mise en scène de  la  guerre de  deux mille ans11                                                           

                                                                              l a     p r é s e n c e

              Du rayonnement incontournable d’un ordre naissant  rivalisant avec Rome et maitrisant Carthage   avec preuve à l’appui  parmi tant d’autres vestiges  une  pièce de monnaie  de ce temps- là   que  frappa  de son effigie le roi Massinissa

       De  la  Numidie  au sol fertile de combats où la  personnalité se forge émerge s’élève avec une volonté farouche exemplaire sans pareil

                                                                      tels    Youghorta            Dihya     Ah

                                                                 A   

                                                                              s’opposer aux  envahisseurs d’où qu’ils viennent et à débusquer la traitrise de fait  là où elle se terre 

 

      Et d'assurer  jeune déjà de l’âge d'Un Rimbaud écrivant Mauvais sang et Délires à vif d'une  Alchimie du verbe ou des autres élans  expressifs ou  plus encore tels  UN éclair Un matin reliés les uns aux autres  en  Une saison en enfer Son engagement en présentant un poète nommé  Abdelkader nomade à la demeure légère Libre comme l’air  parcourant le pays de  Ghriss à Tagdempt des Hauts plateaux  au  grand  Titteri  vers les hauteurs de l’Ouarsenis jusqu’aux  forges où on frappe le minerai  des armes de la résistance extrait du  mont  Zeccar

                                                             couvert du burnous  de la sagesse déployée au reflet rayonnant De la marque du sceau de  la perspective moderne  d’un état-nation nommé  El Djazaïr dont il esquisse  les fondements  aux Rythmes des chevauchées exaltantes de révoltes contre les expéditions de l’armée coloniale

 

     Mais cette fois alors là vraiment  tu n’en es pas  revenu  Tu n’as pas cru  tes yeux Tu n’as pas rêvé pour autant                                                                                                                                                                         Enfin Tu as  bu du vignoble  fermenté de Mascara12 ou quoi                                             Car te voilà bel et bien troublé  par les ancêtres qui  redoublent de férocité 13 d’apprendre qu’on a tenté de falsifier les pierres tombales de la tribu Keblout de tes origines familiales  

 

 

      Aussi  Kateb il y a matière à  rédiger des  papiers ou des reportages au gré d’une commande sociale ou éditoriale sous l’empreinte de ta griffe de ton job au journal de gauche Alger Républicain celui des damnés de la terre et de la classe ouvrière

 

      On t’entendra fredonner Ya’l menfi14dans la peau du déporté de l’exilé à lui prêter la voix quand celle-ci s’est tue nouée au mauvais sort du déplacé auquel il a été livré implacablement

 

 

 

    Pour dire celui qui vivait                                                                                                                            Il faut savoir dire pour quoi il mourrait

 


     

      Il ne reste plus qu’à  prendre ta valise15                           Mohamed     Prends tes godillots Et bon  vent Le vivre ensemble ici n’est plus possible 16

      D’entreprendre le voyage                      à la découverte            

      De Sa propre identification                     bien au-delà de l’oubli

      Mais saches bien que des comportements  racistes dégénérés  se régénérèrent en un cercle vicieux de représailles17 arbitraires qui  te ramènent au bout du compte à la réalité de  tes semblables  sortis   braver l’interdit exclusif officiel de la promenade et des rencontres  en soirée

                                                                                                                  la nuit d’un  17 octobre  1961  dans les rues  illuminées  de Paris grouillantes de badauds  où ils  voulaient se  montrer  d’égal à égal aux uns et aux autres Fraternels 

                                                         Emigrés  algériens  qu’une police aux ordres d’un préfet fasciste matraquera  violemment ou fera noyer dans les eaux de la Seine    

 

      

      Nous n’oublierons ni le sang ni les larmes à jamais marqués sur notre front au nom de la parole donnée

      O mes frères n’oubliez pas les martyrs de la guerre de libération18

      Un serment qui demeure vivant  au nom de toutes les victimes du monde d’aujourd’hui ceux qu'on a condamnés traqués torturés et emprisonnés sous le  règne de l’injustice ceux qu'on a  poussés à l’exil  ceux qui furent assassinés Et comme cela fut hier souvent jusqu’à ce jour encore

                                                                                                                                impunément

 

 

      Et qu’importent les étoiles de pierres                                                      j’ai un cœur fait de chair frémissant  aux rythmes  des battements mis  à la mesure  de mon amour

 

      Au nom de Nedjma

                                         mon étoile et c’est la femme

                                    que

                                          je défends

                                                             pour

                                                                        être

                                                                     libre  oui c’est elle

      Mon étoile et mon salut 

 

       Qu’importe ainsi le lieu d’être                         dans mon pays

 

      Non loin du village de Kouba à Alger parcourant le ravin de la femme sauvage19 vers  le quartier Les asphodèles de Ben Aknoun  ou  sur les chemins des genêts à Tizi-Ouzou ou  à la source de Ain el Fouara à Sétif  jusqu’aux rives du Mekkara  de Sidi  Bel Abbes

 

      Lorsque je titube ivre de mon engagement dans l’œuvre de Nedjma20

                                                                 d’inscrire

                                                             l’indicible

                                                        tournoiement

                                                                dans une danse sensuelle

                                                             révélée

                                                                    à jamais perpétuée

 

      Car à la limite            ton cri de révolte amazigh                   

                                                                                     Yacine    Kateb

                                                                                  contre les tyrans de toute nature

      Signifie à tes notes fragments épars 21

                                                                            pour un temps            Désir

                                                                        réunifiés           parfois

                                                                                        tu vis ah quelle chance

      La beauté une fois

                                          comme un pays libéré

                                                                               retrouvée dans le signe et aussi

      Est dans le caractère

                                          A h   l a    D i v i n e           B e a u t é          

                                      enfin

                                                   qu’on appréhende de voir

      Se réaliser par devers l’Homme

 

 

 

 

 

 

Fouad Boukhalfa

 

 

Notes :

N1*  Ce texte est à l’origine de mon écrit qui porte le même titre, publié dans une anthologie du CCF  « Jardins de la poésie » Alger-1991.Il a  été  développé, revu et corrigé.

Aussi, je tiens à préciser, que les textes et les manuscrits, miens, plus ou moins anciens, que je suis en train de saisir peuvent être considérés comme les  trames d’une écriture essentielle   fondée sur « une ossature  rythmique   fondatrice » dont la textualisation définitive reste à confirmer. Car,  effectivement, après un temps assez  long une « demande  explicite » pourrait se manifester avec force dans la formulation d’ « une ligne expressive » qui va amener celle-ci à se déployer à se développer davantage, au nuveau d’un passage dans un texte.    

 Le texte « Variations …», faut-il le  rappeler, a été publié dans le cadre d’un concours  Kateb Yacine/ Arthur Rimbaud.  Mon écrit, par chance,  était le seul qui , parmi les poèmes sélectionnés, avait trait au thème  retenu, ou du moins en partie.

Et voilà que maintenant, dans le  déploiement de la ligne du «  Wichêm », d’une manière inattendue,   le nom de Arthur Rimbaud apparait, associé à son ouvrage « une saison en enfer », au moment il a été rappelé dans la foulée, que Kateb Yacine avait bien  présenté, lors d’une conférence,  l’émir Abdelkader,  sachant que celui-ci  fut également poète.

La formulation « à la demeure légère » fait allusion à un  de ces poèmes où l’émir dit préférer  habiter une tente qui lui permet de se déplacer à l’envi , comme nomade, plutôt que de  mener une  vie citadine qui oblige la personne  à se sédentariser et à se fixer dans un bâti dur.

L’intégration fortuite de Rimbaud dans le texte s’est faite, au moment où je poursuivais, en târonnant,    suivant « la logique interne d'un cheminement  » spécifique à une écriture en rapport, entre autres, avec une "errance" dont je n'avais pas conscience au départ...

 Ainsi, cette fois,  la sélection de mon texte au concours "KatebYacine/ArthurRimbaud" se confirme pleinement et entièrement.

Le texte est achevé dans sa globalité. Le terme  « globalité » est employé  de telle sorte qu’on ne saurait exclure, éventuellement, des corrections, suite à des erreurs d’inattention ou autres,  dans la semaine qui suit sa  publication.

Certains passages en italique, on aura compris, font allusion aux œuvres de Kateb Yacine. Les titres des pièces de théâtre  ou des ouvrages  s’intègrent d’une manière naturelle ou se confondent  au prolongement explicite de la formulation littéraire. 

 Dans les notes brèves, quelque peu  explicatives, on ne trouvera pas les noms des personnalités et des lieux sauf pour deux ou trois termes portant une double signification.

N2 : Le cadavre encerclé : pièce de  théâtre de Kateb Yacine.

N3 : Le polygone étoilé : ouvrage de Kateb Yacine.

N4 : Kateb Yacine a exercé le métier de  docker  durant une certaine période.

N5 :« El h’mam » pigeon (ou colombe)  évoque, symboliquement, d’une manière attendrissante, un aspect morphologique de l’attrait ravissant féminin auquel on a tendance à s’attacher d’une manière sentimentale. La chanson, dans le même temps, exprime, la  profonde douleur de la séparation,  la rapprochant d’une manière, quelque peu, sibylline, à un attachement éducatif, où l’apprenante ou l’apprenant, ou l’enfant, une fois partis,  laissent  une marque, ou une empreinte, indélébile dans la vie d'un éducateur ou d'un parent aimant…

N6 : Palestine trahie : pièce de  théâtre de Kateb Yacine.

N7 : expression de Kateb Yacine justifiant l' emploi de la langue du colonisateur.

La poudre d’intelligence: pièce de  théâtre de Kateb Yacine.

N9Inhitât : déclin appliqué ici à la civilisation musulmane qui fait suite à l’Age d’or du développement rayonnant de l’islam sur le monde.

N10 :L’homme aux sandales de caoutchouc : pièce de théâtre de Kateb Yacine.

N11 :La guerre de deux mille ans11:pièce de  théâtre de Kateb Yacine.

N12 :Chef-lieu de wilaya à l’ouest d’Alger, non loin d’Oran, dont la région s’est fait connaître pour la marque de son vignoble et la production de vin.

N13 :formultion relevée d'un jeu  de mots allusifs  à une pièce de théâtre de Kateb Yacine: Les ancêtres redoublent de férocité :

Ya’l menfi14 : le déporté ou le banni : chanson  du patrimoine populaire qui évoque les déportations décidées par l’administration coloniale...Interprétée  par différents chanteurs  dans le milieu émigré, notamment;aussi, cette chanson  a été  composée en prison , et interprétée,  à l’origine,  par Akli Yahiatène.

N15: Mohamed prends ta valise : pièce de théâtre de Kateb Yacine.

N16 : Chanson populaire interprétée entre autres par Hadj M’hamed El Anka.

N17 : passage  "souligné"  volontairement au cours  de l' énonciation  qui rappelle le  titre d'une  pièce de théâtre de Kateb Yacine : Le cercle des représailles:

N18: l'expression renvoie, par coïncidence,  au refrain d'une chanson patriotique : Mes  frères n’oubliez pas vos martyrs 

N19:quartier situé non loin de Kouba à Alger : ce détour permet un jeu de mots allusifs  à une œuvre  de Kateb Yacine :La femme sauvage.

Nedjma20 :œuvre de Kateb Yacine.

N21: allusion à "L'œuvre en fragments" de Kateb Yacine : textes épars réunis par Jacqueline Arnaud. 

                        Variations autour d’une rencontre publique avec Kateb Yacine*
Partager cet article
Repost0
6 novembre 2017 1 06 /11 /novembre /2017 22:03

     

 

 

      Je bois une eau minérale

      L’eau  fraiche à travers ma gorge

                                     ne cesse de s’écouler

 

      Ma soif fut-elle si grande

 

 

      Puis  je prends avec  mes deux doigts de la main collés contre la petite anse  en céramique ma tasse de café noir bien serré l’approche de mes lèvres

      Et je commence à boire

                                               à ingurgiter le fluide concentré réchauffant   produit de la torréfaction des   grains du caféier qui pousse entre des mains expertes dans le climat des tropiques d’Afrique

 

                                                   

      Est-ce d’avoir pris le sel de la mer plein la vue  pour que regardent mes yeux mouillés si beau

le ciel  de cet aujourd’hui

                                            révélé à l’évidente saveur de son éclat

                                        de la tonalité d’une signature aux caractères  scripturaux  à  deux consonnes 

                                                                          BM

                                                                                 B comme Black

                                                                                                                M comme Man

 

 

 

      Mais s’il parait naturel le goût de vivre qui imprègne ce jour

                                                                                                           aussi pour habituel il n’en est rien

 

      On exige de connaître de  savoir toujours on est

                          à la recherche d’une vérité

 

      Et aujourd’hui comme jamais on ne le vit

      Se répandit une clarté  manifeste  sur le  monde

      De la veine   palpitante qui éclata rouge sang 

                                                                                   éclaboussa de honte l’institution criminelle qui

exécuta solennellement la sentence  d’ordre raciste d’une condamnation à mort par étranglement 

 

      D’un homme        d’un poète qui a chanté

 

      Un chant de liberté ultime noué à la gorge

                                                                              de douleur

 

     

      Douleur

      Douleur       noire

      Et de noire douleur il n’y a que 

                                                           d’aimer

 

 

      Cet aujourd’hui prend la  signification d’un nom  porté par une famille humaine par-delà les frontières  pour le représenter ainsi pour toujours dans le temps présent

 

      B comme Black comme Benjamin nous sommes

                                                                                    M comme Mankind comme Moloïse  nous vivons

 

    

      Benjamin Moloïse

                                       peuple des couples  d’êtres

      Juste  d’avoir  chanté

      Au reflet d’un appel à la grande justice naissante qui s’élève bien au-dessus du  pouvoir  de la bassesse innommable de l’apartheid  montré coupable à jamais au nom de  l’histoire des peuples

                                       

      De ce rubis  étincelant 

                                               qui rayonne            soleil  noir          Sud-Africain

                                                                            A le mettre à ton coup à ta gorge

      O Beauté

                       ne

                            fera

                                     que

                                               précipiter                                                   

      Ses résonnances dans le monde

      Par Ta  c l a m e u r

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 D'un chant nommé  Benjamin Moloïse
Partager cet article
Repost0
5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 08:38

                                                                                    

 

 

 

      Ils ont pris          Mon cœur                 Ma   Beauté

      Ils ont pris mon cœur

                        et l’ont ensanglanté

 

                    I n  S o w e t o

 

 

      Ils ont pris          Mon cœur                  Ma   Beauté

      Ils ont pris mon cœur

                        et l’ont plombé

 

                     

        Ils ont pris la

                                vie

                                         de

                                               mon

                                                         cœur

 

 

      Et depuis ce jour  de révolte                      Digne 

      Je peine       

                       à soulever les corps inertes               d e s     f u s i l l é s

 

           

      Dans les mines

                                   le filon précieux irradiant la  roche parle de la longue métamorphose de la  résistance du carbone  qui se prolonge dans le labeur ouvrier en   

                                                                                                          un  diamant scintillant

                                                                                                                                                   qui apparait à mes yeux dans les vitrines devant  l’effort entrepris qui n’a pas de prix pour la classe des travailleurs dont je fais partie

                                                      insultant                               

 

      Et je dissimule mon effroi confronté à ce cauchemar 

                                                                                                  Tout me fait revivre 

                                                                                                                                     et c’est partout là où je vais là où je demeure                                         l’horreur                   

 

 

      Quand une prise de  conscience d’un sentiment d’amour  intense existant en moi  accompagné d’un air de tendresse  me gagna

      O si profondément  qu’il rendit  mon visage  illisible pout les racistes

 

      De  m’entrainer à écrire malgré la nuit sombre sur les murs de la ville de tag  en  tag 

                                                                                                                           F r e e  d o m

    

      Le droit d’apprendre  la langue émancipatrice de notre choix de notre temps   

                                                                                                                                    in Soweto

 

 

     Me voilà de cette grande peine engagé à creuser 

                                                                                        la tombe

     Parmi  mes frères et mes sœurs de combat

                                                                          me voilà

                                                                       underground

                                                                           à creuser brulant d’ardeur

                                                                              la tombe

                                                                                              pour                                                                                                                                                                     l’Apartheid     

                                                                                                   underground

                                                                                                la lutte des camarades

                                                                                                        révèle       A1

                                                                                                            révèle      N

                                                                                                                révèle      C

                                                                                                                    révèle     

                                                                                                                                                                                                                                                             

      La lumière qui rendra les battements de mon cœur 

                                          à la terre       O enfants de Soweto

               

      La lumière qui fera de la terre de notre pays                                               

                                               Une  patrie

 

 

 

 

 

Fouad Boukhalfa      

1-Chacun pourrait donner aux lettres A, N, C la signification ou l’interprétation qui lui conviendrait  selon ses penchants.

Il  est bien évident que les lettres A, N, C rappellent le sigle du  mouvement  politique African National Congress  qui, à la date  où « In Soweto » fut écrit,  mobilisait la majorité des forces populaires dans le combat contre l’apartheid il organisait la résistance  dans la clandestinité et opérait, notamment,   des actions offensives   par le biais de son aile armée « MK ».

Maintenant que le système raciste  de l’oppresseur est  défait  chaque  citoyen sud-africain  pourrait donner  une signification qui correspondrait  à ses penchants, à ses convictions, à ses engagements. Ex : African New Challenge…

Mais il n’en demeure pas moins par devoir de fidélité à  l’histoire de l’écriture du texte initial  j’ai gardé les lettres A, N, C bien que  je n’avais pas formulé, dès le départ, dans le texte la signification précise à laquelle correspondait ces lettres.

Aussi, la raison essentielle  de garder  A, N, C : ces caractères, en fait  représentent  des éléments indissociables de « l’ossature rythmique » liée à l’enchainement des  formes d’expressions verbales  du  texte. On pourrait, peut-être, les remplacer  par d’autres lettres, mais non pas effacer la place qui aura émané de leur existence dans le texte.

 

In Soweto
Partager cet article
Repost0
5 novembre 2017 7 05 /11 /novembre /2017 08:32

Introduction à la publication des  trois textes 

 

Je vais présenter, au départ, un texte dans sa forme définitive : «  In Soweto » qui a été écrit et lu durant le débat qui a suivi la représentation d’une pièce de théâtre, lors du festival  international de la  jeunesse et des étudiants organisé à la Havane en  juillet 1978.

Le texte fait partie d’un recueil imprimé, d’une manière artisanale, en une cinquantaine d’exemplaires lors d’une rencontre du festival du théâtre amateur à Mostaganem (Algérie) en 1979.

Jusqu’au jour où, au détour du stand de l’Afrique du Sud, invité d’honneur officiel de la foire du livre d’Alger (25 octobre / 05 novembre 2017),  je parle de l’écrit dont il est question à une représentante du  pays où fut combattu l’apartheid jusqu’à la victoire survenue, comme on sait,  avec la libération de Nelson Mandela…

Alors, la poétesse, Vangi Gantsho, présente lors du bref échange, m’invite à lire un texte   en ouverture, à son récital programmé pour le 31 octobre 2017  vers 15h. Je me  présente comme prévu au stand et je déclame  « In Soweto ».

En fait, j’aurai tant voulu lire  un deuxième texte  «D’un chant signé BM » écrit le lendemain de l’exécution du poète Benjamin Moloïse le 18 octobre 1985.

A noter, toutefois, une remarque : dans « In Soweto » il y a un passage, «  le  scintillement…m’insulte » que je viens de reprendre et de corriger suivant l’énonciation originelle; bien que ce soit lié à une même situation, il n’en demeure pas moins  que l’image première que j’avais à l’esprit, à l’origine, plus précisément, « l’insulte », provenait, en fait, des vitrines des magasins, et non pas depuis les mines. En effet « La ligne expressive » au moment de sa  lecture jusqu’à ce jour n’était pas achevée mais j’ai gardé, néanmoins, le verbe « insulte», malgré une certaine gêne de savoir qu’il y avait encore du travail à faire à ce niveau. A présent le  texte est fini dans sa globalité.

Cet évènement arrive au moment où je suis en train de passer en revue quelques manuscrits, des brouillons qui demandent parfois beaucoup de temps, de disponibilité au travail à les saisir,  ne serait-ce que pour rendre lisible leur graphie. Sans parler de la  composition des ouvrages, au moins deux, qui restent à achever.

Je profite aussi de la publication de ces deux textes pour enchainer avec un troisième  qui a paru en premier dans la partie de l’anthologie « Jardins de la poésie - Alger 1991- », publiée par le CCF d’Alger,  réservée au concours   Arthur Rimbaud/Kateb Yacine : « Variations autour d’une rencontre publique avec Kateb Yacine ».

Aussi, je tenais  à dire que la forme, sur le plan de la  topologie, notamment, de « Variations autour d’une rencontre…» aura annoncé, du fait de sa  publication, ou du moins, aura constitué pour moi,  un repère, dans le cheminement de mon travail qui avait abouti à l’émergence de la ligne fondatrice d’une textualité ouverte à la composition entre différents genres et qui s’est révélé, dans la simultanéité de l’acte créatif d’écrire, comme un support d’interprétation, ou de lecture, adaptée à une technique de transcription intégrée au mouvement d’une formulation verbale déterminée en chacun de ses termes et tendue vers la réalisation d’une symbiose entre écriture et lecture.

Aussi, la présentation de la vidéo « Aimer cela va sans dire … »,  telle qu’elle a été publiée récemment, en août 2017,  n’est pas fortuite ; elle illustre en filigrane,  le concept du « Wichêm » de l’écriture créative qui évolue, également, dans la continuité d’une  ligne où gravitent , au cours de l’élaboration du texte, différentes  formes d’expressions apparentées à l’art, dans une relation active, intime, entre la formulation verbale créative (la parole, l’accent, la prononciation, les rythmes vécus …) et la manière de l’interpréter (lecture, interprétation vocale ou musicale…)[Voir à ce propos mon ouvrage « Un langage charnel de l’être »].

La publication des trois textes cités se fera  suivant la chronologie suivante, dans  un temps  étalé sur 4  jours :

1er :   In Soweto

2ème : D’un chant signé BM

3ème : Variations autour d’une rencontre publique avec Kateb Yacine

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2017 7 08 /10 /octobre /2017 12:40

Mikis Théodorakis décède le 02 Septembre 2021 . La société civile hellénique et des personnes représentatives des institutions culturelles étatiques grecques ont rendu plus d’un hommage au fils de pays, qui incarna une partie de l’histoire révolutionnaire de la Grèce, de son vivant. Aimé dans son pays et partout dans le monde, il demeure dans le cœur des femmes et des hommes, de résistance et de combat, épris de chant et de poésie au rythme de compositions musicales frémissantes, vibrantes au diapason de l’avancée de l'esprit de liberté et de justice dans le monde, vivant.  

     Une ligne dansante  parallèle à l’horizon évolue  de  la fibre vibrante  d’un art de vivre grec de notre temps où on dessine l’expression d’une gestuelle  à  se tenir  debout puis à faire  translater son propre corps de côté avec  les pieds qui se croisent  et se décroisent ponctuée à peine de  l’esquisse d’un enjambement  comme pour aller au-delà d’une barrière inutilement dressée entre les hommes Et de poursuivre une variation sans discontinuer de la marque légère d’un pas attentionné sur le sol qui affirme dans la foulée le principe du partage appliqué aux nourritures terrestres dans la continuité d’un mouvement incessant comme une vague qui  du reflux à son  flux  bat l’ïambe  à maintenir le rythme dans les jambes avec des bras ouverts disponibles à l’accolade quand un ondoiement soulève une épaule disponible à soutenir une main alliée 
    Jusqu’à ce que monte à la tête et gagne les esprits une mise en transe qui va crescendo augmenter la cadence du sirtaki Et  c’est bien de la danse de Zorba  qu’il s’agit


     Puis voilà  un groupe d’étudiants de  travailleurs journaliers d’artisans et de femmes qui se rejoignent en  riant  à former une ronde de plus en plus trépidante 
                                                                                      et comme  on arrive à dégager le grain de l’ivraie  une chaine humaine émerge  unie à former une seule lettre un signe de combat pour  les droits humains  inspiré de l’œuvre de Vassili Vassilikos                              
                                                                 Z 
                                                                    caractère scriptural qui au fil du temps Changeant De l’Histoire incarne  la  résistance des opprimés 
                                                       minorité  réprimée peuple colonisé groupe déplacé  population livrée à la misère  et parents désespérés  dont les enfants voguent au loin captifs d’un vent du nord  otages de terroristes ou de quelque dictature militaire 

 


     Aussi non loin de Marathon au coucher du soleil rougeoyant dans une atmosphère d’apaisement  on  entend s’élever une voix par-dessus les rochers de la grève qui dit


     Fleuve amer qui me traverse de part en part  creuse  un lit encore plus profond pour nous deux 
     Que nous restions unis ensemble                              moi et Ma douleur  


       Oui c’est  bien cette ombre  douce pénétrante qui a su à  un certain point critique devenir Oh combien s’est-elle confondue en moi rose charnelle si déchirante 

 


        On a traversé ainsi le temps sans avoir senti  passer les jours les années puisqu’il est dit que l’amour porte en lui un rythme éternel


         Une fois rappelle-toi  on est arrivé à un estuaire   sur une plage au sable doré 
         On était embourbé dans cette argile première à évoquer notre humble origine humaine
         Mes lèvres  s’étaient  asséchées depuis les premières rosées si lointaines  d’un baiser
    On avait soif  mais rien à boire qu’une eau  saumâtre étincelante le long d’un  rivage de la méditerranée 


     Alors j’ai écrit sur le sable fin d’un geste tremblant mal assuré comme un écolier qui vient à peine de commencer à prendre goût à l’alphabet
                                                                   
E s p o i r 


     Une brise alors est venue d’un lointain avril souffler dessus comme attirée par la magie de ses caractères Et l’effaça accompagné d’un  présage à peine perceptible d’un  vol d’oiseaux noirs qui  semblait dire  
                          
Non corrige Note plutôt
                                                                   E r r e u r

         Puis la mer a  ébruité à travers l’air  comme un rire  Etrangement

                                         
        Une légère vague ruisselante dans la roche  continuait à creuser

 

 

       Chante frère humain                                  Comme mon amour est beau                                                 A nier ainsi la laideur de la torture de la chair des camps de la mort nazi Et de te lever  debout comme une ultime preuve de résistance  Avez-vous vu  la personne que j’aime


      Ainsi chanter la ballade  de Mauthausen  reste toujours  d’actualité 
      La bête immonde  se tapit à  l’ombre de toute organisation de tout royaume de toute république 
      L’holocauste demeure tout aussi menaçant aujourd’hui plus que jamais sur la terre de chaque demeure                                                                                                                                           
         Des polices politiques des  services secrets de tout acabit justifient l’arbitraire  des pouvoirs dominants dictatoriaux  manipulateurs  qui tentent sans scrupule de provoquer ou d’alimenter la terreur par  l’usage d’une terreur encore plus grande qu’ils dressent  comme un épouvantail  fait de cruautés criminelles sur le chemin de citoyens  innocents qui se cherchent dans leur évolution      
                                                                                                                  lorsque des hommes de pensée libre sont persécutés ou  emprisonnées ou torturés ou  abattus  pour avoir refusé de se soumettre ou  pour avoir parmi  d’autre voix clamé


      Nous refusons  le diktat de la corne d’or et d’argent qui exploite la force du travail à vil prix  dilapide les richesses des pays au profit  de classes  minoritaires gonflées à bloc de tenir  au-dessus de nos têtes l’épée de Damoclès d’un système dit libéral devenu vacillant  qui  semble entré dans sa phase crépusculaire ayant atteint manifestement son  heure la plus  sombre la plus sanglante lourd de ses crimes que  justifient à cor et à cri des médias  mis sous la botte de leur   ordre sacré à piétiner  le droit international à violer  les libertés à empoisonner l’atmosphère de carbone à bruler des forêts à faire fondre des glaciers et après cela  tant pis s’il advenait  le déluge  tant qu’il importera de  posséder les armes des plus sophistiquées à provoquer  des meurtrissures indélébiles sur des innocents et à  défigurer les patrimoines  des nations souveraines tant qu’il importera de  bomber sa force éclatante de détenir le plus grand nombre de  têtes nucléaires  menaçantes dans une posture figée possédé par une avidité sans frontières  au risque d’emporter irrémédiablement dans une chute probable l’humanité dans son ensemble
 

 

Mais  voilà on entend un air de liberté   c’est 
                                                                    Mikis Théodorakis qui ouvre une fenêtre et nous donne à écouter une  touche de ciel illuminé grésillant d’une  clarté frémissante  aux accords  ruisselants  d’une  source musicale miraculeuse à  Reconnaître 
                                                                                                        une lumière à sa propre ombre 
                                                                                                        un silence à sa variation musicale
                                                                                                        un désir à son chemin de douleur


     Mikis Theodorakis  offre  un feu apaisant pour les durs labeurs accomplis pour continuer la survie terrestre Il réunit un orchestre un chœur des populations de camarades et d’amis  par-delà les frontières qui tous s’allient autour d’un style qu’on a  appris à connaitre à aimer repris chacun à sa manière par nombre de chanteurs tels
___Petro  Pandis          Georges Dalaras              Liesbeth List Aria Saijonmaa                     
 Maria Del Mar Bonet               Irene Papas          Nena Venetsanou                Yannis Paros                Antonis Kalogiannis                     et enfin  celle qui fut la première  à l’incarner de sa voix Maria Farantouri 


     Quel bonheur de continuer au nom de ceux-là  qui furent non pas la trahison mais plutôt la  lumière dans   le combat  pour une vie rayonnante de  musique mise à la portée de tous

 

 
     Mikis Theodorakis  défriche un chant terrestre donne la tonalité juste aux exigences de l'harmonie dans la composition des partitions avec une  rigueur  unie à un certain sens d'esprit de  justice dans le monde  

___le sens de l'équité au fond  n'imprègne-t-il pas                                 faut-il le souligner au passage                                                                                                                                                          le ton qu'il faut à la musique

 tel les gémeaux justice et harmonie  ne fondent qu'une seule entité parmi les  signes du zodiaque  par-delà  la ronde des saisons à entendre la poussée de  l’avenir poindre au-delà de l’horizon  tantôt il  compose une partition tantôt il dirige  un orchestre un chœur  tantôt  il donne lui-même de la voix à la  parole des poètes             
     Iaaovos kambanellis                   Tassos livaditis                  Dimitris Christodoulou                            Manolis Anagnostakis      Brendan Behan            Yannis Rítsos                    Pablo Neruda 
     Au nom desquels il édifie  une musique générale  devenue  par-delà les mots une affaire de sensibilité humaine entendue pour chacun la réalité  perceptible d’un engagement  révolutionnaire dans le temps présent qui annonce  l’avènement d’une ère nouvelle d'un citoyen libérateur

 

Lorsqu'il arrive O quelle chance d'en témoigner de l'avoir éprouvé même dans les geôles fascistes                               Plus on tente d' étouffer une voix et plus encore le désir de liberté devient manifeste                                                        Puisque Mikis Theodorakis a écrit des textes qu'il a chantés lui-même en l'honneur de son camarade Andréas Lentakis

 

   Mikis Theodorakis ouvre mille et un cheminements pour accéder à une forêt dense faite d’instruments de musique où il fait bon y respirer des airs et  y vivre  à  gagner  l’émerveillement des jeux révélant l’attrayante polyphonie de la nature d’Un Plain-chant  qui nous  emporte  dans un transport   voguant  à ras de terre dans les airs sur la mer  et qui rappelle  l’arche  de Noé destinée à sauvegarder les couples de toutes  les espèces 
    Où tous rassemblés nous reprenons  le refrain 


               Nous sommes          deux 


                                                              nous sommes          trois


                                      nous sommes mille et vingt et trois 


     Et puis nous représentons  bien plus encore parce que nous déployons l’expression simple de nos sentiments amoureux  dans un mélange en somme naturel qui se  définit comme une  complétude dans  la complémentarité des couleurs des races de toute origine de toute religion 
                                      pour que  chaque citoyen  devienne roi veillant au respect  du cours rythmique de chacun mis au diapason de la destinée de tous à élever toujours plus haut et encore plus haut 
                                  un 
                                          chant
                                                       libre
                                                                    libre
                                                                                   libre
     Digne du sens  de l’existence  humaine

 

    Fouad  Boukhalfa
 

 * Revu et complété le 04 Septembre 2021 à 2h40 

                              Le dit de Mikis Theodorakis *
                              Le dit de Mikis Theodorakis *
Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog " Annehoffen"
  • : Fondements et création d'un texte unique établi sur la base d' "une ligne expressive" nommée "Wichêm", qui allie différents genres littéraires. On distinguera dans mes écrits liés à mon projet d'édition ou à mes publications deux catégories : 1/Une écriture créative : des textes littéraires, ou extraits de compositions, qui s' inscrivent dans la ligne fondatrice du "Wichêm" 2/Une écriture intermédiaire: des extraits de mes essais ou de mes applications littéraires, mes commentaires et mes contributions qui touchent, notamment, à la littérature, à l'art , à la philosophie du langage ou à celle du signe. L'Auteur : Fouad Boukhalfa
  • Contact

Recherche

Liens